La défense et la promotion de la langue française face à la mondialisation et l'anglicisation généralisée et massive sont en effet des problèmes de première importance pour tous les francophones du monde.
A cette fin, ayant travaillé longuement sur ce thème de la francophonie et publié plusieurs textes et participé à de nombreux colloques et conférences sur la francophonie, je reproduis ci-dessous un de mes textes qui participe de cette volonté de défendre la francophonie et de montrer certaines conditions de son renforcement et de son développement.
La francophonie et les sciences sociales
Par Uli Windisch, Université de Genève [1]
La francophonie constitue en premier lieu un phénomène politique. Mais l’on peut se demander pour quelles raisons les chercheurs universitaires n’y accordent pas une plus grande importance puisqu’il s’agit bien d’une question qui devrait intéresser plusieurs disciplines des sciences sociales, du langage, de la communication et bien sûr de la sociolinguistique.
Pensons simplement au fait que la langue française n’a plus le même prestige et le même pouvoir de référence qu’il y a quelques décennies, et cela au profit de l’anglais.
De nombreuses autres questions pourraient trouver un terrain d’application pour les sciences sociales, les sciences de la communication et bien sûr la sociolinguistique.
Prenons la question des rapports entre les langues, fondamentale celle-là, soit celle des rapports entre l’anglais et le français : rapports de collaboration ou de domination ? Rien que par le nombre et son extraordinaire développement, suite à la mondialisation, l’anglais est devenu, qu’on le veuille ou non, une langue largement dominante. Quelle réaction avoir face à une telle situation ? Se laisser dominer, envahir sans réagir, ou devenir agressif, dénoncer cet « impérialisme », ou encore développer le bilinguisme, apprendre à mieux utiliser les différentes langues en fonction des domaines de la vie de tous les jours. Le français est-il appelé à devenir la langue de l’intimité, et l’anglais celle des affaires économiques et des échanges internationaux, bref celle des domaines les plus importants et vitaux ?
A de telles questions, il doit y avoir des réponses plus nuancées et fructueuses qu'une simple réaction idéologique ou une pure attitude défensive. Se cantonner dans une attitude défensive, plaintive, défaitiste, qui conduit à la démoralisation et à l’impuissance résignée, n’est certes pas la meilleure solution. Les disciplines scientifiques concernées peuvent à coup sûr indiquer quelques pistes pouvant contribuer à passer de la défensive à une offensive généralisée.
Au Québec, c’est la politique qui a montré le chemin, et ce n’est certainement pas un hasard : le français y est tout particulièrement menacé, au milieu d’un ensemble nord-américain anglophone de plusieurs centaines de millions de locuteurs.
Si les Québécois n’avaient pas été particulièrement attentifs et intransigeants dans la défense de leur langue, la langue française aurait été réduite comme peau de chagrin. Elle aurait peut-être déjà disparu, noyée au milieu de cet océan anglophone, et même sans aucune volonté de domination de l’anglais ; simplement par l’effet de cet énorme surnombre.
Il faut souligner cette volonté québécoise acharnée de défense du français, les très nombreuses initiatives visant à développer, enrichir, et rendre plus attrayante la langue française, car on a souvent critiqué cette attitude intransigeante ; notamment la politique systématique de francisation, la stigmatisant comme nationaliste, protectionniste, ethniste, allant à l’encontre d’une ouverture généralisée à l’international et de l'adoption inévitable de l’anglais dans des domaines sans cesse nouveaux. Ce qui était souvent taxé de conservateur, était en réalité une politique éminemment responsable, positive, agissante et entreprenante, et non défaitiste. Ce point doit être explicitement et clairement reconnu et porté à la connaissance de tous les francophones du monde qui n’ont pas toujours eu une attitude aussi respectueuse, active et fière envers leur langue, davantage impressionnés et tétanisés qu’ils étaient par l’inévitabilité de la suprématie à venir de l’anglais.
Le problème essentiel actuellement n’est pas de lutter de manière bornée, réactive, sectaire et haineuse contre l’anglais mais de travailler à cultiver, développer et renforcer le français, tout en apprenant d’autres langues, anglais compris. Ce sont les unilingues qui vont devenir l’exception tant le multilinguisme est déjà la réalité linguistique la plus répandue dans le monde. Rester unilingue deviendra une nouvelle forme d’analphabétisme.
Une langue qui s’affaiblit, indépendamment de son aire de diffusion, c’est l’identité, dimension fondamentale liée à la langue, qui s’effiloche et peut créer de graves traumatismes. Ne plus avoir confiance dans sa langue, douter d’elle, entraîne inévitablement et souvent inconsciemment une perte de confiance beaucoup plus générale, dans sa langue certes, mais dans son être même, dans son groupe et sa culture d’appartenance. La langue est un phénomène social total, à la fois linguistique, social, économique, politique, identitaire et culturel. Une langue qui s’affaiblit c’est tout un univers qui s’évanouit et qui entraîne avec lui les individus qui en font partie. Une identité, une culture, peut être plurielle mais elle doit reposer et se démultiplier à partir de piliers solides, au risque de tourner à l’anomie. Voilà pour l’angle d’approche politico-culturel le plus général et qui doit rester présent en arrière-fond de chaque problème particulier à aborder et à analyser si l’on veut dresser un tableau de la situation effective et réaliste de la langue française, sans illusions mais sans gêne non plus, bref avec confiance et une détermination résolue ; attitude qui n’exclut donc nullement ouverture et curiosité conséquentes pour d’autres langues.
Rapports de force externes – rapports de force internes. Si la langue française a perdu de son prestige et de son pouvoir de référence, en soi d’abord, et surtout par rapport à l’anglais, des rapports de force existent aussi à l’intérieur de l’univers francophone. La langue française n’est pas une mais diverse, et toutes les variantes n’ont pas le même prestige. En plus, certaines variantes, sans que cela soit toujours dit explicitement, se considèrent comme plus importantes et veulent servir de guide et de référence aux autres variétés. Dans les relations entre ces variétés du français, on retrouve des rapports du genre centre – périphérie, comme en matière d'inégalités économiques et sociales mondiales, sur le même modèle que les rapports Nord-Sud par ex. Dans notre cas présent, le Centre est évidemment représenté par la France et Paris ; quant à la périphérie, elle comprend « tout le reste », toutes les autres variétés.
Il existe une véritable fronde et révolte anti-France et anti-Paris dans bien des régions francophones périphériques. Tout en étant l’acteur qui fait le plus pour le soutien et le développement du français dans le monde (la France paie le 80% du total du budget de la francophonie), la France est critiquée de partout, parfois très virulemment ; par exemple, pour son attitude arrogante, parce qu’elle pense et veut être le Centre, la référence première, qui ne mériterait qu’admiration, au point où elle ne comprend même pas que l’on puisse émettre des critiques à son égard. Ne travaille-t-elle pas pour nous tous ? Cela mérite admiration et reconnaissance, non ? N’est-ce pas une évidence ? Eh bien justement non ; c’était peut-être le cas mais cela ne l’est plus. Depuis le temps que le français est pratiqué dans de nombreuses régions du monde, cette langue a volé de ses propres ailes, a connu de nombreux développements spécifiques, en faisant surgir non pas des duplicatas du français de France, mais des variétés spécifiques, régionales, originales, ayant chacune une valeur en soi, et surtout revendiquant de plus en plus ces spécificités et ces originalités irréductibles . Même le français de France connaît d’ailleurs ses variétés internes, ayant elles aussi beaucoup de peine à se faire reconnaître en tant que telles, et supportant de plus en plus mal cette situation.
Il faut prendre acte de toutes ces affirmations régionales et périphériques, et qui, précisément, refusent ces dénominations et veulent être considérées comme égales, appréciées dans leur singularités et richesses spécifiques développées au cours de l’histoire. C’est une question de vision du monde ; il y a de l’ethnocentrisme même dans les rapports entre les différents parlers francophones. On le voit, c’est le type d’attitude entre les variétés qui est en train de changer et cela de manière tellement fondamentale que le Centre, qui a été tant habitué à être la référence inconditionnelle, a de la peine à comprendre ce changement. La reconnaissance de ce changement est d’une nécessité absolue afin que l’unité l’emporte néanmoins sur les variétés, afin que les traits communs prennent autant d’importance que les différences, les nuances et les subtilités. Si les forces francophones centrifuges l’emportent sur le liant centripète, c’est l’ensemble du combat pour le français, prioritaire et urgent, qui s’affaiblit, voire s’autodétruit. Le risque est réel : actuellement certaines variétés sont tellement préoccupées par elles-mêmes et en ont tellement assez d’être considérées comme quantité négligeable, qu’elles ne veulent même plus entendre parler de combat ou de travail commun. Nombreuses sont les variétés qui ont l’impression de n’être considérées que comme des forces d’appoint pour le Centre et non comme des variétés ayant leurs propres spécificités et richesses, dignes d’être valorisées en tant que telles. C’est le cas de nombre d’écrivains francophones éloignés géographiquement du Centre, et dont la variété déjà ancienne est devenue leur principale langue et donc l’élément majeur de leur identité. Ils ne veulent pas vivre leur identité par procuration. Ils ont créé leur langue, leur identité, leurs spécificités, et veulent être considérés comme tels. De même, des professeurs arabo-méditerranéens francophones de littérature française, qui connaissent cette littérature aussi bien que les enseignants de France disent leur frustration d’être considérés comme des francophones de second ordre, et affirment que même s’ils écrivent un très bon article ils ne seront guère publiés dans les meilleures revues françaises de France parce que provenant de la périphérie. Voilà qui est évidemment inacceptable et crée de profondes rancœurs et frustrations ; il faut urgemment en prendre conscience, et tout mettre en œuvre pour changer ces visions et attitudes ethnocentriques d’un genre particulier. Pour les professeures femmes, le français représente en plus une valeur des plus fondamentales. Il représente la liberté, par rapport à une attitude de soumission et de domination qui va parfois de pair pour elles avec la langue arabe. Et l’on sait à quel point dans certains pays arabes et musulmans on veut éradiquer le français, présenté comme langue étrangère, comme langue symbole de l’Occident, d’un Occident qui devient le repoussoir, « l’occupant symbolique ». Ici aussi on devrait petit à petit comprendre que le monolinguisme ne permet plus de faire face aux grands défis internationaux et que le multilinguisme constitue une richesse plutôt qu’une menace.
Le Centre a fait des pas importants en parlant de plus en plus de DIVERSITE. Mais il faut maintenant montrer en quoi consistent ces diversités, les valoriser concrètement, en faisant ressortir les richesses qu’apportent chacune d'elles à l’unité, à l’ensemble de l’orchestre francophone mondial. L’usage du terme de diversité ne doit pas devenir un nouvel hochet que l’on agite pour calmer les variétés, sinon cela fera effet contraire.
On peut citer d'autres exemples de cet ethnocentrisme franco-parisien omniprésent et fortement contreproductif. En Suisse par exemple, les différents médias francophones invitent très régulièrement des spécialistes, des experts et des intellectuels français, alors que la réciproque est plutôt exceptionnelle. On ne voit guère des Suisses, des Belges ou des Québécois invités dans les JT des différentes chaînes de télévision française pour donner un autre regard sur un problème ou pour mettre en valeur leurs travaux. C'est au point où de telles apparitions "étrangères" apparaîtraient carrément comme saugrenues.
Il en va de même avec les hebdomadaires et les quotidiens. Il leur parait encore incongru d'associer les francophones étrangers en leur demandant des articles sur des sujets communs à tous mais qui sont encore et toujours traités uniquement sous l'angle du seul regard français et non dans une optique comparative, alors que cela est monnaie courante dans les pays francophones voisins de la France.
La Suisse engage massivement des professeurs d'Universités français alors que la réciproque relève toujours de l'exception, même s'il y a une très légère ouverture depuis quelques années.
Des intellectuels et des universitaires français sont régulièrement invités dans des universités américaines afin de présenter les courants de pensée francophones. Mais il ne leur viendrait pas à l'idée d'inviter des collègues des pays voisins à se joindre à eux, voire à les remplacer, alors que ces derniers n'ont pas ces possibilités étant donné leur petite taille.
Il arrive aussi constamment que des revues, par exemple de vulgarisation, ne présentent que les travaux de recherche français alors que les auteurs de ces présentations synthétiques et vulgarisées savent parfaitement que des travaux d'aussi bonne valeur sont effectués dans les autres pays francophones.
Une telle attitude ethnocentrique française passe de plus en plus mal dans les autres pays francophones. Sans changement rapide en la matière, ces frustrations vont s'ajouter à celles des chercheurs et écrivains des pays géographiquement éloignés et qui ne veulent plus entendre parler de défense commune du français ni même de francophonie.
Retour aux diversités. En Suisse nous parlons d’Unité dans la Diversité, à propos de nos nombreuses diversités : politiques, culturelles, linguistiques, religieuses, régionales, cantonales, etc. Cela signifie que les diversités ne sont pas perçues comme des menaces pour l’unité, mais que toute diversité vient renforcer et enrichir l’unité. Nous pensons que plus on encourage et aide les diversités à se développer plus l’unité sera forte, car une diversité qui se sent appréciée et encouragée dans sa singularité par l'ensemble ne peut qu’enrichir cette unité, et non la menacer. Certaines nations ont longtemps considéré leur diversité interne, régionale, linguistique, culturelle, etc., comme autant de menaces, comme des diversités à réduire et à combattre (pensons à la lutte contre les langues régionales en France).
Il suffit de penser à la décision récente de la France à propos précisément des langues régionales. En juin 2008, malgré l’avis favorable du gouvernement, les sénateurs ont refusé d’inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. L’Assemblée nationale avait, elle, décidé à la quasi-unanimité d’ajouter au premier article de la Constitution une phrase stipulant que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la Nation ». Mais l’Académie française, dans une démarche extrêmement rare, a critiqué la reconnaissance des langues régionales qui porte selon elle « atteinte à l’identité nationale » et a obtenu le retrait de l’article. Cet exemple illustre on ne peut mieux l'ethnocentrisme du Centre. On se souvient de l’époque où les langues régionales étaient pourchassées et éradiquées de la manière la plus brutale et à l'aide de pratiques odieuses .Rappelons celle du senhal en Occitanie: l’élève surpris en train de parler occitan à l’école devait porter un sabot-senhal - et le seul moyen de s'en débarrasser était de surprendre un autre élève en train de parler occitan : on apprenait le français, le seul « bon et prestigieux », tout en apprenant simultanément la délation.
On comprend qu’avec des attitudes comme celle de l’Académie française et du Sénat on ne va pas dans le sens proposé ici : reconnaître et valoriser l'ensemble des variétés de la langue française afin de rendre plus forte la position du français en général. La décision négative susmentionnée accentue, au contraire les divisions internes. On imagine les rancœurs et frustrations chez les sujets parlants des langues régionales ; cela affaiblit bien sûr aussi la nécessaire mobilisation générale en vue du passage de la défensive à l’offensive en matière de politique de la langue. Faut-il rappeler que les sujets parlants des différentes langues régionales de France parlent aussi le français tel que le conçoit le Centre ? Ils sont en réalité bilingues ; au moins bilingues puisque ceux qui connaissent une deuxième langue en apprennent souvent d’autres encore. Ils sont ainsi mieux armés pour affronter le fait de la mondialisation et des échanges internationaux que les monolingues. Le local et le régional seraient-ils davantage en adéquation avec les nouvelles réalités internationales qu’un Centre devenu autiste, incapable de se remettre en cause et de s’adapter aux profonds changements en cours depuis plusieurs décennies déjà ? Nouveau paradoxe : le Centre, sans s’en rendre compte, revêtirait-il des aspects périphériques, pendant que la périphérie cherche tout simplement à devenir une variété parmi d’autres, actualisant le fait que ce sont les variétés qui deviennent progressivement la réalité générale. Chaque variété prend sa place dans un concert général où l’ensemble n’est rien sans ses parties et où chaque partie tient, suivant le moment et la situation, une place plus ou moins importante.
Un Centre capable de se décentrer se rend compte que les diversités ne sont pas seulement différentes par rapport à lui mais que lui-même est différent d'elles et qu'il n'est plus la seule référence pour les autres différences ; qu’il est une différence parmi d’autres différences et qu’il est de plus en plus perçu ainsi par les autres variétés et différences. Il ne peut plus situer les autres par rapport à lui, ni se contenter de juger les autres en fonction de ses critères à lui, même s’il peut rester plus important, numériquement ou financièrement. Le fait d’être plus important ne justifie plus des relations à sens unique, une politique d’imposition. Cette dernière logique n’est tout simplement plus d’actualité même si elle est encore la cause de nombre de conflits. Ce changement est si profond qu’il doit se faire dans les têtes, au niveau cognitif, et non de manière purement théorique ou abstraite. Ce changement mental doit lui-même entraîner des changements sociaux et politiques majeurs dans les rapports entre les anciens centres et les multiples variétés qui affirment avec force leurs différences plutôt que de les cacher, ou d’en avoir honte.
C’est le même changement profond qui est en cours dans le domaine des rapports entre majorités et minorités. Le fait d’avoir été minorisé, oppressé, méprisé, peut entraîner des réactions virulentes lorsqu'un tel renversement de logique et de perception a lieu. C’est dans ces situations que le Centre doit faire preuve d’intelligence politique, plutôt que d’aggraver les tensions par des attitudes ethnocentriques dépassées et inadéquates, et des réactions de peur et d'affolement. Des minorités qui s’affirment et veulent exister en tant que telles ne constituent pas nécessairement une menace mais peuvent même renforcer l’unité. Un « ancien » Centre qui arrive à comprendre cela et à l’appliquer dans la pratique ne peut que produire une unité plus forte et riche mais différente de l’ancien ensemble. En termes politiques, une telle réalité nouvelle correspond à ce que l’on connaît depuis longtemps sous le terme de fédéralisme. Venant de Suisse et ayant longuement analysé le fonctionnement de ce système politique, je vais essayer de montrer que la philosophie politique qui est à la base de la démocratie directe et du fédéralisme pourrait, sous certains aspects, constituer l’une des bases sur laquelle la francophonie peut prendre appui afin d’avancer de manière plus offensive et productive.
Le système politique de la démocratie directe et du fédéralisme a, par ex, permis à la Suisse de trouver une solution à un problème lié la francophonie (la francophonie est un problème beaucoup plus ancien que ne le pensent certains intellectuels français qui le découvrent tout subitement en pensant, en plus, être les premiers à s'en occuper sérieusement). Il s’agit du cas du Jura francophone, aujourd’hui nouveau canton suisse et autrefois minorité francophone à l’intérieur d’un canton germanophone près de dix fois plus peuplé. Jusqu’en 1978, date de l’indépendance du Jura et de la création du nouveau canton du Jura, la population francophone du Jura était minoritaire et constamment minorisée, et cela sous de multiples aspects : linguistiquement d’abord, puisqu’on y parle français alors que le canton de Berne largement majoritaire est germanophone. Le Jura était aussi minoritaire politiquement car lors des votations populaires et des élections il était constamment minorisé, notamment parce que des communautés linguistiques différentes se différencient souvent aussi par leur culture, mentalité, façon de vivre, etc. Le Jura est catholique, les Bernois protestants ; il était périphérique et moins développé économiquement, marginalisé tant géographiquement que du point de vue des infrastructures routières, etc. Cette situation n’était plus supportable pour une grande partie de la population jurassienne et un mouvement séparatiste est né et a lutté pendant plusieurs décennies pour obtenir son indépendance, à savoir la possibilité de devenir autonome en créant un nouveau canton à l'intérieur de la Suisse fédéraliste. Cette lutte a connu des phases très dures, violentes, avec même une occupation militaire des forces fédérales. Sans faire l’histoire de ce mouvement autonomisme, ce qui nous intéresse ici c’est que ce mouvement n’a pas débouché sur le terrorisme (même s’il y a eu quelques actions politiques éparses qui s’en sont rapprochées). Si cela a été possible, c’est à la fois à grâce au fédéralisme et à la démocratie directe. Le Jura représentait une diversité culturelle suisse parmi d’autres et, au nom du fédéralisme, revendiquer un nouveau canton pour obtenir l’indépendance, l’autonomie, était parfaitement en accord avec le système politique suisse. Ensuite, cette autonomie n’a pas été proclamée unilatéralement mais a été le résultat de tout un ensemble de votations populaires (référendums), unité politique par unité politique (districts et communes). La création du canton du Jura a véritablement été le résultat de multiples volontés populaires dûment consultées.
Un autre exemple suisse peut illustrer cette façon de concevoir les rapports politiques autrement. Il s’agit de la langue la plus minoritaire du pays, à savoir le romanche (parlé notamment dans le canton des Grisons). Cette langue qui n’est parlée plus que par 30.000 à 50.000 personnes, selon le point de vue, est sérieusement menacée de disparition. Or, toute la population suisse s’est mobilisée en faveur de cette langue et l'a soutenue à plus de 80% en votation populaire. D’autres mesures en sa faveur ont reçu le même soutien. Il s’agit d’une attitude radicalement différente de celle qui refuse une reconnaissance constitutionnelle aux langues régionales et qui a bien sûr un résultat totalement opposé : un renforcement supplémentaire de l’unité nationale par la reconnaissance, la considération et le soutien à la plus petite minorité linguistique, et une confiance accrue de cette dernière à la fois en elle-même et dans le pays qui croit en elle.
En démocratie on ne gouverne pas par décrets centraux mais en associant et en consultant systématiquement les acteurs concernés. Le résultat final de ces multiples consultations populaires et innombrables discussions et débats publics généralisés est celui qui sort majoritairement des urnes.
Ces exemples montrent concrètement, que dans un système fédéraliste toutes les diversités et minorités comptent, ont leur importance, sont reconnues et valorisées au nom même de leurs spécificités et particularités, même si ces minorités doivent parfois se battre durement. Point important : avec les profonds changements en cours dans les rapports entre majorité et minorités ou diversités, le système fédéraliste, considéré parfois comme dépassé, redevient d’actualité et semble offrir la possibilité de résoudre des problèmes qui semblent insolubles et qui débouchent si facilement sur des violences meurtrières, voire des guerres civiles. Ici les diversités et les minorités deviennent complémentaires et non contradictoires. Le défi : passer d’un mode de pensée binaire, manichéen et dichotomique à des formes de pensées plus complexes, ouvertes, décentrées et multidimensionnelles ;et considérer les individus, les groupes et les communautés selon les critères d'une citoyenneté active, à savoir des citoyens majeurs, capables de s'affirmer, de se déterminer, voire de s’autodéterminer, même à l’intérieur d’ensembles plus vastes, et dont ils dépendent selon d'autres modalités, voulues et acceptées ; selon des liens de dépendance réciproque librement consentis. C’est ce que les Jurassiens ont réussi à faire en créant un nouveau canton autonome à l’intérieur du système politique fédéraliste suisse et cela au moyen d’une participation politique particulièrement intense, massive et constante, comme le permet la démocratie.
La démocratie semble, elle aussi, être de nouveau d’une actualité certaine, tant elle est souhaitée de manière générale et encore plus dans le cadre de régimes politiques qui limitent au maximum les possibilités de participation de la base, qui vont jusqu’à la craindre. Ces craintes ne sont pourtant plus d’actualité à une époque dite de montée des profanes ; des citoyens certes profanes mais de plus en plus informés, instruits et compétents, désireux de ne plus subir passivement, mais voulant participer activement et personnellement à l’élaboration de leur propre destin.
Plus généralement, la question qui revient le plus souvent lorsqu’on me demande de présenter le système politique suisse à l’étranger est la suivante : « pourquoi ne vous entretuez-vous pas avec toutes ces diversités culturelles, linguistiques, ethniques, régionales, de mentalité, de religion, etc. » ? Comme on vient de le montrer, la démocratie directe et le fédéralisme en sont les facteurs explicatifs principaux.
A quoi on peut ajouter la subsidiarité, à savoir qu’un problème qui peut être traité à un niveau institutionnel inférieur ne doit pas être traité par un niveau supérieur. Par exemple, si un canton peut résoudre un problème, le gouvernement central ne doit pas intervenir et laisser le problème se régler à ce niveau. On se trouve une nouvelle fois à l’opposé d’un gouvernement central qui gouverne par décrets et impose ses décisions à l’ensemble d’un pays.
Une autre composante de la personnalité politique de base suisse, et qui pourrait être utile plus largement, est la recherche du « consensus ». Il n’existe jamais de consensus préétabli mais toujours un système de négociation avec consultation de tous les acteurs concernés par un problème donné, et le consensus, toujours relatif, n’est que l’étape finale de ce long processus de consultation généralisée au cours duquel chaque acteur accepte, si nécessaire, de faire certaines concessions afin d’arriver à un résultat malgré tout acceptable pour le plus grand nombre. Cela prend bien sûr du temps, trop de temps pour les esprits technocratiques pressés, mais a comme avantage de trouver des solutions et d’éviter des blocages destructeurs. L’ensemble de cette façon de faire relève d’une attitude politique encore plus fondamentale et qui peut être définie comme étant le pragmatisme, attitude qui est à l’opposé total de l’intransigeance idéologique, cadre dans lequel les acteurs en présence sont tellement attachés à leur idéologie qu’ils ont beaucoup de peine à faire des concessions, à vouloir négocier, à être précisément pragmatiques, afin d’arriver à une solution, à la solution la moins mauvaise possible pour tous. Le pragmatisme est orienté fondamentalement vers la recherche de solutions ; c’est cela son esprit général et qui le guide en permanence, et non le fait de vouloir avoir raison idéologiquement, quitte à ne pas trouver de solution, voire à faire la grève avant même de commencer à discuter avec les acteurs concernés, quitte à s’attirer l’hostilité de parties importantes de la population. Ce sont bien deux attitudes politiques de base diamétralement opposées. On peut se demander si le pragmatisme ne pourrait pas parfois, permettre de trouver des solutions bien au-delà du cas particulier de la Suisse, notamment là où, par principe, un acteur, par exemple le fameux Centre, ne peut admettre d’autres solutions que la sienne et qu'il considère comme étant par définition la seule bonne et la meilleure pour tous les autres acteurs. Avec ce dernier type d’attitude, le problème est que la base de la population accepte de plus en plus mal ce type de système de décision. La francophonie pourrait elle aussi en tirer certaines conséquences. Les EVIDENCES sont de moins en moins acceptées et sont remplacées par le fait que tout doit pouvoir être discuté par tous. On retrouve, sous un autre aspect encore, le phénomène de la montée des profanes et de l’extension de la société civile, et, plus généralement encore, certaines valeurs comme le respect de tous les individus, des libertés, des droits et de la dignité des êtres humains, de la protection des minorités, du renforcement de la démocratie et de ses institutions.
Une telle attitude politique suppose aussi un décentrement cognitif et politique, une ouverture et un intérêt réel, et non feint, pour les autres points de vue, soit une attitude de tolérance, de respect de toute forme de diversité, des autres idées , et sans doute pas mal de bon sens, bon sens qui s’oppose, lui aussi, au fanatisme et à l’intransigeance idéologique. Prendre acte de ces changements profonds en cours et de la nécessité d’en tenir compte pour faire avancer certaines causes et problèmes politiques pourrait également être utile à la francophonie.
Malgré la montée des profanes et l’exigence généralisée de davantage de démocratie, on ne peut qu’être surpris et regretter la parution récente d’un grand nombre de livres et d'articles de presse qui s'interrogent sur la démocratie et dont certains auteurs ne cachent pas leur hostilité, voire un mépris certain envers elle. Il est connu que les technocrates pressés n’aiment pas la démocratie, trop lente et exigeante en temps. Mais lorsque les intellectuels vont dans le même sens il y a un problème. Certains ont visiblement de la peine à réaliser que la politique et l’ensemble des sensibilités politiques ont changé, et apparemment plus rapidement que les politiciens et les intellectuels eux-mêmes. Il est aujourd’hui parfaitement possible de continuer à gouverner, à condition de tenir compte de ces profonds changements ; à condition de consulter les citoyens, d’en tenir compte, de les faire participer réellement et systématiquement. Les réflexes d’exclusivité de certains pouvoirs, rigides et intransigeants, deviennent de véritables dangers. Consulter, faire participer, communiquer et pas seulement informer, doivent devenir des pratiques courantes, en même temps qu’elles peuvent tenir lieu de sas de décompression politique face à toutes les frustrations et révoltes, ouvertes ou rentrées, contre les Centres autistes. Plus que la participation elle-même, c’est l’état d’esprit général qu’elle induit qui compte ; un climat autre que celui du mépris et de l’exclusion que ressentent un nombre de plus en plus importants de groupes et de citoyens « périphériques ».
Etre démocrate aujourd’hui c’est croire, malgré tout, en la capacité et en la force de la discussion et de l’argumentation généralisées pour répondre aux problèmes les plus brûlants et urgents de nos sociétés, et dont fait partie la défense de la langue française.
La délibération publique généralisée doit remplacer les Dogmes et les Evidences, que ces évidences soient politiques, idéologiques, religieuses, culturelles, linguistiques ou autres encore. Discuter, débattre, confronter plus ; mépriser, dénigrer et haïr moins. C’est tout un programme. La francophonie peut aussi en bénéficier.
Si la francophonie tient compte de ces profondes mutations sociales et politiques en cours, elle avancera plus rapidement et efficacement, et le passage d’une politique défensive à une politique plus offensive, associant tous les acteurs concernés, sera d’autant facilitée.
Depuis quelques décennies, les thèmes politiques les plus divers font l'objet de mouvements sociaux et de mobilisations collectives importants : l'écologie, les animaux, la qualité de la vie urbaine, l'égalité des sexes, la pédophilie, la pornographie, la violence, l'insécurité, l'immigration, l'asile, le racisme, etc. Mais les langues, en l'occurrence la langue française, ne sont encore qu'exceptionnellement considérées comme une cause nécessitant un engagement politique majeur et la mobilisation de l'ensemble des populations concernées. Lorsqu'on parle du français, c'est souvent pour déplorer le soin insuffisant dont il fait l'objet. Le souci de la langue ne doit pas être seulement celui d'une élite, considérée souvent comme puriste, voire intégriste.
Certaines valeurs à portée universalisante devraient être perçues comme indissociables de la langue française, même si elle n’est pas la seule à les incarner. Une telle image devrait être transmise et perçue comme telle au niveau international. Il s'agit d'œuvrer à une aura positive, attrayante au niveau mondial, et éviter ainsi de laisser s’installer l’image d’une langue déprimée qui peut facilement contaminer les gens qui la parlent.
Par exemple, plutôt que de dépenser l'essentiel de nos énergies à la lutte unilatérale, obstinée et exclusive contre l'anglais, on pourrait valoriser à la fois le français et l'anglais, ou d'autres langues, puisque ce sont les monolingues qui vont devenir l'exception. Les scientifiques francophones peuvent parfaitement publier dans des revues prestigieuses anglophones, mais cela n'empêche pas de mettre à disposition simultanément une version française. Il faut passer d'une logique dichotomique et manichéenne du ou bien ou bien à celle, ouverte, plus riche et complexe, du à la fois.
Autre exemple : tout un chacun sait que la question linguistique belge est complexe, mais c’est aussi un exemple où le français est en difficulté et a perdu des positions importantes. La réponse à une telle situation ne devrait pas se réduire à adopter une attitude purement défensive et à diaboliser la langue concurrente du flamand. Une autocritique et une attitude plus positive, créative et dynamique pourrait prendre la place d’une attitude simplement défensive et/ou purement agressive. Ici aussi on devrait pouvoir associer davantage le français à l'initiative, au dynamisme, à la positivité et à l’action, au point de devenir une référence. Réussir à faire voir cette diversité belge aussi en termes de complémentarités plutôt que de contradictions. Cultiver et valoriser le français tout en ne rejetant pas le flamand, voire en l’apprenant (la réciproque en serait certainement facilitée). Même en Belgique, l’avenir est aux bilingues, et un plurilinguisme conséquent, avec le changement de vision du monde et la révolution cognitive qu'il suppose, ne devrait pas exclure la langue du voisin, même du plus proche et parfois détesté. Je sais bien sûr que c’est là pour beaucoup de francophones belges, pure folie ou méconnaissance. Et pourtant, si c’était le français qui jouait un rôle initiateur et phare dans un tel changement de vision du monde, ici dans les rapports entre communautés linguistiques et culturelles différentes, radicalement opposées en l'occurrence, cela aurait un retentissement immensément positif sur l’image de la langue française, sur ses potentialités, son surprenant pouvoir, et cela au moment même où cette langue perd un peu de sa superbe ? Ne dit-on pas qu’impossible n’est pas français ? Le regard général, pas seulement des caméras, doit être amené à se braquer avec surprise et enthousiasme sur les potentialités renouvelées de la langue française. C’est donc par des actes forts, pertinents et significatifs, face aux grands défis de notre époque, que doit se distinguer la langue française.
En Suisse, un cas semblable mais nettement moins conflictuel se présente dans les rapports entre le grand majoritaire alémanique et le plus important minoritaire, soit les francophones (les deux autres minoritaires étant les italophones et les romanches). Jusqu'à il y a peu un phénomène assez rare se présentait : les germanophones, pourtant largement majoritaires, apprenaient plus volontiers le français que les minoritaires francophones n'apprenaient l'allemand. Le français ayant actuellement moins de prestige mais aussi au nom de la logique de la réciprocité de plus en plus répandue, les germanophones s'attendent à ce que les francophones fassent aussi des efforts pour apprendre plus volontiers l'allemand. Pour répondre à cette nouvelle logique de la réciprocité, les francophones doivent en effet être proactifs, en devenant, eux aussi, davantage plurilingues, et contribuer ainsi à renforcer l'unité générale. A situation différente, relation différente. Et surtout activité redoublée, même si cela est moins confortable que d'avoir été unilatéralement la langue de référence, jusque et y compris pour un majoritaire. Nulle part les domaines ne manquent où le français et la francophonie doivent passer systématiquement à l'offensive.
Le français représente encore un immense espoir pour de nombreuses populations : des milliers d'enseignants dispensent des cours dans plusieurs continents, un énorme travail d'alphabétisation, d’éducation, d’information et de communication se fait en français. Des valeurs comme le pluralisme, la diversité, la démocratie, la participation, la liberté en général et de la presse en particulier, etc., doivent lui rester attachées. Il faut un engagement total, constant et de tous, et des moyens financiers dignes des causes vitales. Nos contributions financières sont ridicules comparées aux milliers de centres de langue que créent partout dans le monde certaines nouvelles grandes puissances qui, elles, ont compris le rôle capital de la langue, en elle-même et comme levier général particulièrement puissant. A quand le grand réveil, la grande mobilisation de la francophonie, au profit à la fois de la langue française, de toutes les valeurs traditionnelles qui lui sont rattachées ainsi que des nouvelles valeurs en cours d'émergence qu'elle peut investir et contribuer à prôner de manière marquante et significative.
A côté du travail très considérable qui est fait au niveau international dans le domaine du français au niveau proprement linguistique, éducatif, culturel, scolaire, de l'alphabétisation, de la formation de très nombreux maîtres, etc., obtenir un impact médiatico-politique plus général et mondial est tout aussi important, comme l'ont très bien compris d'autres langues, l'anglais en premier, bien sûr, mais aussi les autres nouvelles langues émergentes : chinoise, russe, arabe, indienne, etc. Personne ne devrait être surpris si le français réussit à être systématiquement associé et présent dans la promotion internationale de la liberté, des droits de l'homme, de la paix, de l'éducation, de la solidarité, de la coopération, du développement, du développement durable, etc. Et vouloir être associé à une telle vision du monde et à de telles valeurs ne signifie pas que le monde de la francophonie n'a pas à évoluer lui-même et à changer profondément, notamment en incorporant les profonds changements intervenus dans le domaine des rapports entre unité et diversité, dans la conception même de ce que sont et veulent être aujourd'hui les diversités, les minorités, l'altérité, ou encore dans le passage nécessaire du monolinguisme au plurilinguisme, dans le fait que la pratique complémentaire d'une autre langue, même celle d'un voisin peu apprécié, sert parfois mieux sa propre langue que la défense exclusive, autiste et bornée de cette dernière. Une attitude politique générale ouverte, décentrée, initiatrice, dynamique et offensive a toujours des effets et des valeurs ajoutés inattendus. C'est cette dynamique-là que doivent développer et accentuer davantage ceux qui parlent le français et la francophone. Il s'agit même d'en devenir exemplaire, aux yeux des autres notamment.
Eléments de bibliographie
Un important travail bibliographique sur la francophonie est présenté dans la revue Hermès n°40, Francophonie et Mondialisation, Paris, 2004, CNRS Edition, pp 379 -384.
Pour ce qui est de la situation des langues en Suisse, un ouvrage de référence comprend une bibliographie thématique générale et détaillée :
Schlaepfer, Ed. La Suisse aux quatre langues, ouvrage collectif, Ed. Zoé, Genève, 1985.
Pour nos propres travaux sur la situation sociolinguistique de la Suisse, avec nos différentes équipes de recherche, cf. Uli Windisch et al. Les relations quotidiennes entre Romands et Suisses Allemands, Payot, Lausanne, 1992, 2 vol. 618p et 540p.
Pour un aperçu synthétique de nos travaux empiriques, théoriques et conceptuels sur les rapports interculturels, la démocratie directe et la communication politique : Uli Windisch, Le Modèle suisse, la démocratie directe et le savoir-faire intercommunautaire, Collection Poche suisse, Ed. L'Age d'Homme, 2007, 160p.
- Sur le thème de l'Unité dans la Diversité :
- Uli Windisch et al. Le Jura incompris, Ed. Delta, Vevey, 1976
- Sur le thème de la centration-décentration de la pensée politique :
Uli Windisch, Le prêt-à-penser, les formes de la communication et de l'argumentation quotidiennes, Ed. L'Age d'Homme, 1990, 228p (en collab).
Uli Windisch, Immigration, quelle intégration, quels droits politiques, Ed. L'Age d'Homme, Lausanne-Paris, 2000, 88p
- Sur le thème monolingues-plurilingues :
Uli Windisch, "Multiculturalisme et plurilinguisme : le cas de Suisse", in Lacorne D., Judt T., La Politique de Babel, Du monolinguisme d'Etat au plurilinguisme du peuple, Paris. Karthala, 2002, pp227-253,
(dans la version anglaise : Uli Windisch "Beyond Multiculturalism : Identity, Intercultural, Communication, and Political Culture, The Case of Switzerland", in T. Judt, D. Larcorne, Language, Nation and State, Identity Politics in a Multilingal Age, Polgrave-Macmillon, NY pp161-184)
- Sur le thème de la démocratie participative : Uli Windisch, "Participation politique généralisée et démocratie semi-directe suisse : l'exemple des votations populaires sur l'immigration de 1960 à 2002", vol. 1, pp131-142, in Castagna, S. Gallais, P. Ricaud, J.P. Roy, La situation délibérative dans le débat public, Presses Universitaires François Rabelais, Maison des Sciences de l'Homme, 2004, Tours, 2 vol, 404p et 418p.
[1] Texte rédigé et développé à partir d'une intervention orale au Colloque "Francophonie et francophonies, Quel avenir, quels enjeux", CELAT Université Laval, Québec 14-17octobre 2008, à l'occasion du Sommet de la francophonie.
Elément contextuel : en octobre 2008 a eu lieu le 12ème Sommet de la francophonie à Québec. Cela représente une mobilisation politique internationale générale avec participation de plusieurs dizaines de chefs d’Etat, 601 délégations. L’OIF, l’Organisation internationale de la francophonie, comprend 56 membres et 14 observateurs. Il y a 200 millions de francophones dans le monde et c’est le continent africain qui en compte le plus grand nombre. Le français se classe au 9ème rang des langues les plus parlées dans le monde et elle représente la troisième langue sur la toile avec 5% des pages internet, après l’anglais (45%) et l’allemand (7%). Le français est la langue officielle du Mouvement olympique, à parts égales avec l’anglais. La chaîne de télévision TV5, née en 1984, fait partie des opérateurs spécialisés de la francophonie et est l'un des trois plus grands réseaux mondiaux, à côté de MTV et CNN….
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