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Le Christ et les terroristes

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Une religion n’est pas une recette nous permettant d’améliorer notre vie sur terre. Ni de garantir une paix éternelle ! Une religion est une passerelle vers un autre monde, vers le Tout-puissant, celui ou cela qui se tient derrière nos pulsions, nos idées, nos philosophies.

L’expression de Tout-puissant fait frémir d’indignation aujourd’hui. Mais en même temps on parle aisément de Freud pour qui l’inconscient était une forme de toute-puissance sur nos âmes. Il y a aussi le peuple qui, au terme d’une votation, « a parlé » et à la volonté duquel on est supposé se soumettre. Enfin, il y a le tout-puissant consumérisme qui nous pousse vers du chocolat, une belle voiture ou des vacances. Entre un terroriste qui obéit à Allah et un consommateur pavlovisé par la publicité, mon cœur, parfois, balance. Lequel est le plus soumis ?

Il y a un épisode qui mérite quelque attention dans les Évangiles. Celui où le Christ demande au Tout-puissant (son père) s’il doit vraiment en passer par la crucifixion. Il fait nuit, les disciples dorment et c’est un sale quart d’heure. Jésus sue du sang. Finalement il accepte ce que veut son père, c’est-à-dire la crucifixion. Houellebecq dirait qu’il se soumet. Certes, mais avant de se soumettre, il a prié ou médité pour savoir s’il devait vraiment se soumettre.

Lorsqu’on rapporte cet épisode aujourd’hui, on peut entendre les âmes étroites se récrier : « pourquoi n’a-t-il pas fait ce qu’il voulait ? Sa vie lui appartenait ! »

Eh bien non ! Le Christ n’estimait pas que sa vie lui appartînt. Mais il n’estimait pas non plus qu’il devait obéir sans broncher au Tout-puissant. C’est de cet écart entre sa volonté et celle d’un Autre (son père) qu’est progressivement né l’individualisme occidental. Et puis cet écart s’est distendu au point de ne plus faire place qu’à la volonté de l’individu. C’est elle qui est devenue toute-puissante et synonyme de liberté. Mais comme il faut bien vivre en relative harmonie avec les autres (non plus l’Autre), on a inventé la démocratie. Elle fait coexister ma volonté avec la volonté du peuple. Mais à celle-ci l’individu n’a pas à se soumettre, bien qu’elle soit considérée souveraine ; le citoyen moderne peut vivre en marge des toutes-puissances, celle de son inconscient, celle du peuple et celle de Dieu. En d’autres termes, il peut devenir un marginal.

Y a-t-il dans les démocraties modernes de plus en plus d’individus qui vivent en marge ? Je n’en sais rien, mais je sais que vivre dans cette marge n’est pas simple. Vivre sans appartenir à rien ni à personne, « on the road » pour reprendre le titre d’un célèbre livre de Jack Kerouac, c’est entrer en enfer plutôt qu’au paradis. Mais pour certains cela reste un idéal. Plus de père, plus de patrie, plus de souveraineté et, surtout plus de toute-puissance ! C’est ce qu’on appelle s’émanciper.

Une émancipation totale conduit dans la nuit et sur les bords d’une route où, sans guide, c’est le désespoir. Raison pour laquelle on se met à furieusement chercher un guide et Allah est là, tout simple, un guide suprême, comme on le disait de Khomeiny !

C’est d’une autre nuit qu’il faudrait parler aux jeunes en route pour le djihad. Celle où le Christ sue du sang. Ils verraient un homme qui, bien que tout proche de Dieu puisqu’il était son fils, exprime sa peur du martyre.

Jan Marejko, 1.4.2016

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